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https://www.lemonde.fr/livres/article/2022/05/04/lieux-georges-perec-l-etonnement-quotidien_6124753_3260.html

 

 

« Lieux », de Georges Perec, édité par Jean-Luc Joly, avant-propos de Sylvia Richardson, préface de Claude Burgelin, Seuil, « La librairie du XXIe siècle », 608 p., 29 €, en accès libre sur Internet.

« Regarde de tous tes yeux, regarde ! » Cette phrase, extraite de Michel Strogoff, de Jules Verne (1876), Georges Perec l’avait prise comme exergue pour La Vie mode d’emploi. Elle aurait pu aussi servir pour Lieux, cette aventure littéraire que Perec qualifie de « monstrueuse, mais exaltante », qui paraît un demi-siècle après son écriture.

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Lorsqu’on lui demandait d’évoquer son travail d’écrivain dans son étonnante diversité, Georges Perec (1936-1982) le classait en quatre catégories : l’autobiographie, comme bien sûr W ou le souvenir d’enfance ; la fiction pure, celle de Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? ou de La Vie mode d’emploi (Denoël, 1975 et 1966 ; P.O.L, 1978) ; l’exercice où l’oulipien qu’il est s’amuse, et dont relèvent ses Epithalames, ses Vœux et peut-être même La Disparition, ce roman où il se prive de la lettre « e » (Oulipo, 1989 ; Seuil, 1989 ; Denoël, 1969). Il y avait enfin la réflexion sur le quotidien, sur l’« infra-ordinaire », qui est aussi le titre d’un recueil de textes posthume (Seuil, 1989) : mais Lieux en est l’expression la plus ambitieuse, bien qu’inachevée.