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Penser la métamorphose sociétale pour bien agir
Le premier humain – ou ce qui est premier dans chaque humain – désire juste, cherche l’autre, dit la Genèse. Là où Freud croit que l’homme cherche d’abord l’objet sexuel (la mère, puis la femme qui ne ferait que rappeler la mère), la tradition d’Israël pose avec force que, « au commencement », le désir de l’être parlant, c’est l’autre. Ce n’est pas l’objet sexuel, c’est le sujet sexué. Notre vocabulaire prétendument scientifique rabat homme et femme sur mâle et femelle. Mais en relisant nos traductions et bien des commentaires bibliques, je me suis aperçue que ce n’était pas la science qui avait commencé à faire cela, c’était la religion. En parlant de « création de l’homme et de la femme par Dieu », nos traductions et leurs commentaires en font des « sujets créés ». Or, il n’y a de créable que l’objet. Le sujet, lui, avec la liberté qui lui est indispensable, apparaît transcendant la créature dès qu’il est engendré en elle.
Qu’est-ce que l’autre selon la Genèse ?
– Celui qui vient du désir de l’un (pour l’humain, pas d’aide contre lui),
– dont l’un ne connaît pourtant pas l’origine (il vient, tandis que le premier dort),
– celui qui lui est semblable (chair de ma chair, hausse de mes os),
– cependant différent (isha « elle » et non ish « lui »),
– par acte d’un dieu qui ne se définit que de créer puis d’ouvrir à l’humain créé le champ de la parole,
– et lorsque l’un reconnaît l’autre, il se reconnaît lui-même,
lui, l’un, dont l’autre ne connaît pas l’origine, qui est aussi semblable, différent, tiré de l’autre (c’est de isha qu’il peut dire ish), apparu par acte divin et qui sera aussi, lorsque l’autre le reconnaîtra, le lieu de sa propre reconnaissance. Grande subtilité de deux avènements à la fois dissymétriques et semblables.
Marie Balmary
Extrait de l’ouvrage « La Divine Origine », 1993, Le Livre de Poche, pp. 124–125.
https://solidaritesemergentes.wordpress.com/2019/11/29/homme-et-femme-ou-male-et-femelle/
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