CRITIQUE - En dépit de quelques inexactitudes assumées, le spectateur sort en ayant une idée fort juste de l’esprit de cette France galante à son crépuscule.
Cette Jeanne du Barry de Maïwenn est une belle surprise dans un cinéma français qui, depuis quelques années, rate souvent ses reconstitutions historiques. Ce film évoque avec finesse la trajectoire sous le siècle de Louis XV d’une fille du peuple, belle et libre, interprétée de façon convaincante par Maïwenn, devenue l’égale d’une reine. Dans toute l’histoire de France, aucune autre maîtresse royale en titre n’était issue d’un milieu aussi modeste que Jeanne.
Cela ne fut possible que parce que la France de Louis XV était devenue, selon le mot du grand philosophe David Hume, le «pays des femmes». Le commerce entre les deux sexes y était fort libre, ce que l’on ignorait dans les autres royaumes d’Europe, qu’ils soient catholiques comme l’Espagne (les duègnes veillaient sur les jeunes filles) ou même la péninsule italienne (Sade s’y plaint des «sigisbées», des hommes remplaçant les duègnes), ou, pis encore, les nations protestantes, la Prusse militaire ou la prude Angleterre.
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Évidemment, cette…